Modifier le statut du patient dans le regard des soignants

Interventions :

Nous sommes trois patients enseignants, formés par la faculté de médecine pour intervenir dans les groupes d’échange et d’analyse de la pratique professionnelle des internes en médecine générale.

A partir d’une situation qui les a questionnés, nous les aidons à réfléchir la relation avec le patient. A quel moment ces internes sont-ils dans l’évidence ? Quand se réfugient-ils dans le biomédical ? Quelles sont leurs propres émotions voire leur propre histoire en jeu dans ce récit ? L’exercice est loin du témoignage.

Du reste, nos pathologies ne concernent pas les étudiants, seul notre expérience de patient transmise sous la forme d’un questionnement doit leur permettre d’affuter leurs pratiques relationnelles dans la relation patient / soignant.

Témoignages :

Une des manières d’apporter sa pierre est de témoigner.

Bien des patients font preuve d’une combativité exemplaire pour dompter leur maladie et vivre avec. La pratique du témoignage nous apporte des ressources personnelles et un écrit maitrisé nous permet de présenter à des soignants en formation la manière dont nous portons notre projet de santé.

Souvent, ils se dévouent corps et âme pour combler la situation du patient en faisant fi de ses ressources et ce, en toute bonne foi et en réelle générosité. Il n’est pas rare qu’à la suite de ces présentations et de la force qu’elles recèlent, des soignants en formation comprennent ce que signifie « mettre le patient au cœur du soin » et envisagent de travailler autrement.

Notre « témoignageotèque » comprend une expérience de cancer, de diabète avec refus de la prise d’un traitement médicamenteux et une hygiène de vie exemplaire, d’obésité, de dépression nerveuse, d’infarctus massif, d’arthrodèse vertébrale, de thyroïde d’Hashimoto et d’une errance de diagnostic.

Mais elle comprend surtout les espoirs et les forces des patients sur lesquelles les soignants peuvent s’appuyer tant pour construire le soin à deux (alliance thérapeutique) que pour alléger leur charge mentale.